Aujourd’hui, tout peut être livré, ou presque. Et les Français ne s’en privent pas. D’où un nombre exponentiel de colis de toute nature livrés ici et là, à toute heure. Dans les villes, la livraison du dernier kilomètre constitue un enjeu de taille car elle coûte cher d’un point de vue financier (25 à 30 % du coût de la livraison), sans compter les contraintes liées aux points de livraison multiples, les nuisances induites …. En effet, comment assurer une livraison à domicile rapide et efficace à un coût financier et environnemental acceptable ?
Les entreprises cherchent donc à réduire ce coût en adaptant leur organisation logistique avec un maillage plus fin du territoire et des locaux au plus près de leurs clients, au coeur des villes.
« Non seulement les véhicules de livraison ont de plus en plus de difficultés à accéder au centre-ville mais, intra-muros, ils sont confrontés à la réduction des voies de circulation avec la montée en puissance de la mobilité douce, à un trafic de plus en plus dense et compliqué, des embouteillages… observe Arthur Musy, consultant associé équipe locaux d’activités chez Brice Robert Arthur Loyd. La problématique du dernier km était dans tous les esprits depuis une bonne année mais, depuis six mois, c’est une préoccupation majeure. D’où la nécessité de créer des bases logistiques dans la proche périphérie, voire en coeur de ville. »
Sans surprise, les e-commerçants sont les plus demandeurs de ces postes avancés de livraison. Leurs recherches portent sur des surfaces moyennes comprises entre 600 m2 et 1000 m2. Pour l’heure le quartier de Gerland est très demandé.
« En réalité, le choix de nos clients est drivé par les offres du marché », souligne Arthur Musy dont l’équipe a récemment signé la location de 1000 m2 au prix de 100 euros / m2 Cours Tolstoï à Villeurbanne ou encore de 1000 m2 mais au tarif de 120 euros / m2 sur la Presqu’Ile, quai Saint-Antoine. Principal aménagement demandé par les clients ? L’installation de bornes électriques pour permettre le chargement des scooters et vélos électriques qui assurent les livraisons.
Pas mécontents de se faire livrer tout ce dont ils ont envie ou besoin à leur domicile, les nouveaux consommateurs encouragés par les géants du commerce en ligne, une grande distribution en quête de renouveau et des start-up très offensives, demandent aujourd’hui à être livrés dans les plus brefs délais. Autrement dit : on fait ses emplettes sur internet et on les trouve devant sa porte en un temps record. Entre temps, des opérateurs s’activent à préparer les commandes avant d’en organiser la livraison dans la foulée. Un « exploit » rendu possible avec l’émergence des dark stores, autrement dit des surfaces hybrides à mi-chemin entre l’entrepôt et l’espace de vente. Les dark stores ressemblent en effet à s’y méprendre à des magasins traditionnels, à ceci-près qu’on n’y croise aucun particulier.
« Il s’agit en fait de magasins-entrepôts comportant les multiples références de produits que l’on trouve dans les grandes surfaces », explique Rémy Ibanez, consultant équipe commerce chez Brice Robert Arthur Loyd. « Depuis le début de l’année, les demandes se multiplient à Lyon avec l’arrivée de nouveaux acteurs, des groupes internationaux ou français qui livrent des produits alimentaires et ménagers en 10- 15 minutes. Face à cette nouvelle dynamique, l’équipe Brice Robert Arthur Loyd est active et organisée pour répondre à ces nouveaux enjeux. »
Ces nouveaux clients, des spécialistes du quick commerce, recherchent des surfaces de 200 à 500 m2, si possible avec une belle hauteur sous plafond, pour optimiser le stockage des produits, et impérativement de plain-pied, pour faciliter les flux. Des locaux qu’ils aménagent en installant des meubles réfrigérés notamment. Aujourd’hui, les loyers observés se situent généralement en deçà de 200 euros /m2. Parmi les emplacements les plus recherchés figurent les arrondissements abritant le plus de jeunes actifs comme les 3ème, 4ème et 7ème arrondissements. Ainsi, c’est à Gerland que Getir a installé son premier dark store. Une tête de pont dans l’agglomération pour l’enseigne turque qui souhaite tester le marché avant d’implanter un dark store dans chaque arrondissement, livraison en 10 minutes oblige ! Et le phénomène pourrait vite se répandre. « Certains opérateurs évaluent aussi la pertinence de s’implanter en périphérie de la ville, là où la population correspond à leur coeur de cible », note Rémy Ibanez. Si la tendance se confirme, la demande devrait s’amplifier, avec des retentissements inévitables sur les prix.
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