Longtemps négligée, l’impact de la question auditive dans le milieu professionnel fait l’objet de nombreuses attentions. Défini par l’AFNOR comme « toute sensation auditive désagréable ou gênante, tout phénomène acoustique produisant cette sensation », le bruit devient perturbant à partir de 50 dB, soit le niveau sonore d’une conversation. Il peut alors gêner la concentration d’un salarié, qui met selon les études plus de vingt minutes à pouvoir se reconcentrer de manière optimale.
Les formes que revêtent ces perturbations sont variables. Dans le milieu ouvrier, elles sont plus importantes en raison du secteur, par exemple la construction. Dans les entreprises de bureaux ou l’administration publique, il peut s’agir de conversations téléphoniques ou de sonneries variées, de rangements bruyants ou de bruits d’imprimantes, de ventilation ou de réunions improvisées dans les couloirs. Ces phénomènes ont par ailleurs été amplifiés avec le développement de l’open space et est en expansion. Ce sont en effet environ six à huit actifs sur dix qui subiraient cette gêne quotidienne, contre trois en 2011. Ces effets se répercutent sur la santé et donc sur la productivité des salariés et, par extension, des entreprises.
Les salariés ne subissent pas cette gêne de manière passive. Ces effets extra-auditifs créent des troubles comportements et physiologiques. Ils accentuent le stress, troublent à même le sommeil en touchant le système nerveux central, rendent irritable, nerveux et davantage agressif, et génèrent des céphalées. En outre, la fréquence cardiaque, le système digestif et la pression artérielle peuvent eux aussi en subirent les conséquences. Ce seraient ainsi plus de six millions de Français qui perdraient plus d’une demi-heure de temps de travail quotidien, soit 120 heures de travail annuel.
L’entreprise en supporte directement les coûts. La perte résultant de ces six millions d’actifs a été évaluée à vingt-trois milliards d’euros annuels. Il faut y ajouter les dépenses liées à l’absentéisme, au remplacement du personnel, ainsi que les effets sur l’organisation du travail d’équipe. Pour pallier cette situation, les entreprises disposent alors de plusieurs options, comme l’isolation acoustique des bâtiments, la réduction du bruit des machines, ou la création prophylactique d’espaces où les salariés peuvent s’isoler. Mais elles peuvent aussi contribuer à repenser les méthodes, notamment ergonomiques, d’organisation du travail, et réfléchir aux manifestations du bruit avant de créer un espace.