En 2015 déjà, la Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques – Ministère du Travail) soulignait que les Français mettent environ cinquante minutes à se rendre sur leur lieu de travail, soit dix minutes de plus qu’en 1998 et quinze de plus qu’il y a quarante ans. Quotidiennement, les Franciliens y passent 92 minutes, contre 67 pour les Lyonnais et 64 pour les Marseillais, là où des études recommandent de ne pas dépasser une demi-heure pour un trajet.
Le mode de transport (et donc le temps de trajet) varie en effet avec la configuration urbaine. Les Franciliens sont les plus nombreux à travailler loin de leur domicile et à emprunter les transports en commun plutôt que la voiture, et sont 53% à mettre plus de 45 minutes jusqu’à leur travail, contre 20 à 30% dans les villes moyennes. Ces éléments entraînent des disparités en termes de bien-être au travail.
Les salariés qui empruntent les transports en commun ont un niveau de stress trois fois plus important que ceux qui s’y rendent à pied ou en voiture – même en tenant compte du stress qu’engendrent les embouteillages. Les facteurs anxiogènes sont multiples : quais bondés, impossibilité de s’asseoir malgré de longs trajets, correspondances nombreuses, incivilités, incidents fréquents, transports souterrains…
Au contraire, les salariés les plus heureux, les plus productifs et les plus loyaux à l’égard de leur employeur sont ainsi ceux qui passent le moins de temps dans les transports. La durée et le stress des transports poussent à quitter son travail plus tôt, et plus d’un tiers des salariés qui mettent plus d’une heure à se rendre au travail s’en vont un quart d’heure plus tôt et envisagent de le quitter sous cinq ans. Cela augmente aussi les risques de dépression, de problèmes financiers, d’obésité et de réduction du temps de sommeil, et nuit aux relations entre collègues, confirmant l’interdépendance entre les transports et le bien-être au travail.